Millésime 2014 : le point sur la maturité
Après un millésime 2013 extrêmement difficile qui aura marqué la mémoire des viticulteurs girondins, 2014 s’annonce prometteur tant au niveau de la qualité que des rendements.
Des conditions climatiques contrastées
Après un hiver particulièrement doux, les températures printanières et estivales ont été bien en dessous des normales, sauf pour les mois d’avril et de juin. En parallèle, les précipitations relevées sont supérieures aux normales en hiver et en été. Dans ces conditions, les premiers stades du cycle végétatif ont été plutôt précoces mais l’été frais et pluvieux a considérablement ralenti cette évolution. La véraison a été particulièrement étalée. Au final, le millésime 2014 s’inscrit dans la moyenne des millésimes précédents.
La maturité profite du temps exceptionnel des premières semaines du mois de septembre. La chaleur, l’absence de pluie et les nuits fraîches permettent au raisin de mûrir dans des conditions optimales.
A quelques exceptions près, la vendange des cépages blancs a vraiment démarré mi-septembre. Les Sauvignons récoltés sont frais et aromatiques, avec des degrés potentiels très variables en fonction des secteurs. Les Semillons et les Muscadelles manquent encore de maturité et devront encore attendre quelques jours si leur état sanitaire le permet.
Si l’acidité était fortement marquée sur tous les cépages début septembre, elle chute très rapidement. Sur le réseau maturité Gironde du CIVB, suivi par le Service Vigne et Vin de la Chambre d’Agriculture, les acidités totales pour les Merlots atteignent en moyenne 4,5 g/L H2SO4 au 17 septembre, soit une baisse de près de 1 g/L en une semaine.
Les teneurs en acide malique sont également importantes sur certaines parcelles, mais il se dégrade de façon significative grâce aux températures élevées.
En parallèle de cette baisse d’acidité, les sucres s’accumulent vite et les degrés potentiels, bien que encore faibles sur certaines zones, atteignent désormais 12,5 % vol. en moyenne sur les parcelles de Merlot du réseau maturité Gironde.
La grosseur des baies est une des singularités de ce millésime. Elles peuvent atteindre plus de 2 g sur certaines parcelles de Merlot, alors qu’une baie de Merlot pèse en moyenne 1,7 g. Au niveau de la vinification, des saignées seront certainement opportunes afin d’obtenir un rapport marc/jus optimal.
Du point de vue de la maturité phénolique, bien que la maturation de la pellicule et des pépins ne soit pas encore terminée, les niveaux d’anthocyanes mesurés sont plutôt bons. Ceci devrait se traduire au chai par des vins intensément colorés.
A la dégustation, les pellicules des Merlots, encore épaisses, s’affinent progressivement et les arômes fruités commencent à apparaître, malgré une forte hétérogénéité entre parcelles. Les Cabernets Sauvignon sont encore loin de la maturité et les notes végétales souvent très présentes.
Au niveau sanitaire, bien que la pression du Botrytis ait été forte fin août, le temps sec a permis à la majorité des foyers de pourriture de sécher. On retrouve cependant des foyers actifs sur certaines parcelles, en particulier pour les cépages blancs ou dans des cas de fort entassement de la vendange. L’état sanitaire demande, comme chaque année, beaucoup de vigilance. Des pratiques œnologiques adaptées à l’état de la vendange devront être mises en œuvre le cas échéant.
Avec des prévisions de récolte encourageantes, loin des petits rendements de l’an dernier, et un excellent potentiel qualitatif, 2014 s’annonce comme un beau millésime en blanc comme en rouge.
Article de Véronique Raffestin-Tort – Publié dans l’Avenir Agricole et Viticole Aquitain n°921 du 19 septembre 2014.
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